Les arts martiaux, une école de vie
« Ce qui est donné fleurit, ce qui est gardé pourrit. » Proverbe indien
Le devoir de l’homme envers l’humanité est de s’instruire, le devoir de l’homme auprès de ses semblables et de les instruire. Voilà comment pourrait se résumer le credo de la transmission. Transmettre, « oui » mais, quoi ? Comment ? A qui ?
Transmission, éducation, pédagogie et didactique
Le mot transmission est composé de « trans » (changement, voyage, transfert) et de « mission » (projet, actions à effectuer, devoir). La transmission pourrait ainsi se résumer à : « l’action de faire voyager chez autrui un projet qui nous dépasse. » L’éducation se réalise essentiellement pendant l’enfance où notre capacité à apprendre est exponentielle. La pédagogie se rapporte à la science et aux méthodes de transmission d’un savoir, d’une habileté, d’une qualité. La didactique concerne l’organisation de ce savoir, en le hiérarchisant en plusieurs éléments assimilables. Il en résulte que la transmission est un acte volontaire ou involontaire qui est le fruit de l’évolution. Un art martial répond à ces caractéristiques en étant une langue vivante et non pas un dialecte disparu ! Cela suppose que cette évolution soit le reflet de l’adaptation à l’environnement et aux problématiques qui se posent.
Les arts martiaux, une école de vie
L’enseignement est un art et le triangle pédagogique de Jean Houssaye qui relie le « savoir », à « l’enseignant » et à « l’enseigné », nous décrit les rapports de cause à effet ainsi que les domaines du « savoir-être », du « faire-savoir » et du « savoir-faire ». Les arts martiaux traditionnels reposent bien souvent sur un savoir empirique que des générations de pratiquants et d’enseignants ont structuré, codifié et mise en forme comme un archivage technique, ce que sont en particulier les formes (Kata dans les arts martiaux japonais et Taolu dans les arts martiaux chinois). Les formes sont une gestuelle chorégraphiée dans un schéma agencé, hiérarchisé et précis (certaines peuvent d’ailleurs apparaître comme trop figées). J’ai l’habitude de dire à mes élèves que les formes sont des maîtres silencieux qui ne distillent leurs enseignements qu’au fil d’un long apprentissage. Cet apprentissage ne se limite pas à la seule répétition d’une suite de gestes martiaux. Le travail de la forme permet de transmettre une intelligence corporelle, une biomécanique du mouvement qui construit notre corps et forge notre esprit. C’est à force de répétition que la condition physique s’améliore, que la mémorisation s’installe et que le message du Taolu …