La liberté du Chevalier
Une philosophie de la martialité
Et si la liberté devait être le maître mot d’un pratiquant de Wushu ? Si elle se trouvait logée au cœur de la voie ? C’est ce que nous suggère Roger Itier à travers sa connaissance puisée dans les tréfonds de la tradition martiale.
Connais-toi toi-même et tu penseras vrai, c’est la seule façon d’obtenir la lumière en soi… N’est-ce pas la première des libertés que nous recommande le philosophe grec Platon ?
Les étapes de la transformation
Les arts martiaux sont une quête qui s’appuie sur les plans du physique (Qi), de l’émotionnel (Jing) et de la pensée spirituelle (Shen) ; ils correspondent aux trois centres énergétiques appelés Tandien. Les transformations que l’individu vit tour à tour sur ces trois plans l’invitent à devenir plus fort en étant ouvert, plus sensitif en étant instinctif, plus profond en étant détaché. Ce que les autres perçoivent de moi, ce que je pense « être » et ce que je suis réellement, ne font alors plus qu’un. C’est au feu d’un travail corporel exigeant tel que l’imposent les arts martiaux, à la chaleur des expériences émotionnelles que nous devons domestiquer et à la lumière de la connaissance, que nous ressuscitons en nous-même comme une chenille se transforme en papillon.
La liberté de penser
La liberté telle que je la ressens est déjà la liberté de penser. Cette pensée ne doit pas s’entraver de concepts théoriques qui ne trouveraient pas d’applications pratiques dans le quotidien de nos contemporains. Les arts martiaux sont une école de vie qui nous enseigne qu’à travers une gestuelle codifiée, en apparence rigide, se cache un espace de créativité immense que seuls les vrais initiés savent percevoir.
La liberté de mouvement
La liberté est aussi une liberté de mouvement, la souplesse en est son corollaire. L’amplitude gestuelle cultivée dans certains styles martiaux comme le long poing (Changquan) m’a permis de libérer mon corps et de faire de l’espace un compagnon de jeu motivant : sauts, bonds, positions basses, coups de pieds vertigineux… La liberté du corps facilite le vagabondage de l’esprit tandis qu’un corps entravé enferme un peu plus l’esprit.
La liberté d’attitude
La liberté est aussi une attitude. C’est celle qui s’élève contre l’injustice et les dogmatismes. Etre libre permet toutes les audaces ! La vie d’un pratiquant d’arts martiaux est suspendue à cette promesse de devenir un être libre dans une société libre. Le « Wujia », le « chevalier » des arts martiaux chinois est prêt à tout pour rechercher cette liberté en lui et en faire partager les bénéfices à tous.