De la souffrance à l’espérance, un chemin pour grandir en humanité ?
“De la souffrance à l’esperance” de Meena Compagnon, paru dans Synodies 2012 – La Souffrance, Pourquoi ?
Qu’on se rassure, je ne ferai pas l’apologie de la souffrance. J’aime trop la vie et ses merveilles pour magnifier une vision dualiste et masochiste de sa traversée. Je ne pense pas non plus qu’il faille souffrir pour « gagner » sa part au paradis. Bien au contraire, je crois que l’être humain est programmé, dans son essence divine, pour être heureux, et que la souffrance est liée en partie à l’oubli de notre reliance vibratoire à ce grand champ unitaire dont parlent les physiciens quantiques, ou que d’autres nomment Source, Temps, Pure Conscience ou Conscience illimitée, Puissance cosmique, Essence Divine, Matrice, Père-Mère, Grande intelligence, etc.
« Toute matière provient d’une force et n’existe que par celle-ci… Nous devons présumer l’existence, sous cette force, d’un Esprit conscient et intelligent. Cet Esprit est la matrice de toute matière » (max Planck, père de la théorie quantique).
Le mot Dieu a tellement été prétexte à confusion et a tant été utilisé à des fins destructrices, de dualité, et de séparation que je ne le mentionne pas délibérément dans cette liste non exhaustive. A chacun dans son cœur, de trouver le terme qui résonne et vibre en soi.
Adhérant à la croyance, largement partagée collectivement, que nous sommes séparés du Tout, nous errons comme des âmes en peine cherchant désespérément à donner du sens à notre vie, courant après un bonheur falsifié qui résiderait à l’extérieur de nous-même et qui fuit dès qu’on l’attrape comme les rayons du soleil qui se reflètent sur une vitre.
Metteurs en scène de la pièce de notre vie, créateurs conscients ou souvent inconscients de nos expériences, nous passons notre temps à résister à ce que nous avons attiré par notre vibration… Déresponsabilisés de ce que nous vivons, reconnus victimes et ayant droit de ce fait aux bénéfices secondaires de la victime, notre souffrance est intensifiée par la résistance que nous ressentons en refusant d’explorer les émotions résultant des épreuves ou événements que nous étiquetons comme désagréables.
Comme l’a écrit Khalil Gibran : « Plus profondément le chagrin creusera votre être, plus vous pourrez contenir de joie ». Ou encore : « Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit ».
Car il n’y a qu’une porte pour laisser passer malheur ou bonheur. L’énergie n’a pas de jugement. Qui sait si le malheur d’aujourd’hui n’est pas une graine qui créera le bonheur de demain ? Ce sont nos jugements qui faussent tout, tel le verre à moitié plein ou à moitié vide. Tout passe et se transforme et comme le dit richard Bach « Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître le nomme un papillon ». Comment notre petit moi peut-il être certain que ses désirs correspondent à ce qu’il y a de mieux pour son évolution ? Comment peut-on savoir ce que l’on ne sait pas encore !
Traverser complètement ses émotions
Comment aurais-je pu savoir il y a 26 ans, abattue par la douleur de la perte de mes enfants, que je serais aujourd’hui en train d’écrire ma gratitude pour cette traversée initiatique de la blessure vers la conscience et l’amour !
C’est en traversant totalement nos émotions quelles qu’elles soient, en vivant totalement ce qui nous arrive, et en allant jusqu’au bout de notre ressenti, que la transformation s’opère et que nous développons notre part d’humanité.
« Au contact de la souffrance on ne peut faire autrement que de rencontrer sa propre humanité » a dit Reine Malouin.
Qui n’a pas expérimenté la grosse crise de larmes qui nous submerge quand trop, c’est trop !! Qui n’a pas ressenti le lâcher-prise, la paix qui se diffuse en nous quand on est allé au bout de cette crise ?
Lorsque l’orage nous a traversés et qu’il a brisé nos armures, une paix s’installe. Une paix qui émerge des profondeurs de l’être. C’est le moment où il n’y a plus de résistances, mais juste « aller avec », accueillir, accepter. Le soleil peut de nouveau briller et nous pouvons prendre le recul nécessaire pour observer ce qui s’est passé, ressentir la force que l’on a développé et prendre la responsabilité de nos croyances, de nos mémoires enfouies, de nos schémas mentaux, qui, malgré nous, sèment les graines d’expériences que nous récolterons sur notre chemin. Jusqu’au moment où nous réalisons que le semeur c’est bien nous et qu’il convient d’accepter les récoltes puis de choisir d’autres graines.
Les graines, ce sont les circuits neuronaux de notre cerveau qui émettent continuellement des fréquences et entrent donc en résonance avec des événements, personnes, situations qui vont être « attirés » par cette fréquence. Et c’est ainsi que l’on répète sans cesse les mêmes expériences accusant l’extérieur, nos parents, nos voisins, nos gouvernements, la société, les autres pays, etc. d’être la cause de nos souffrances. Notre cerveau est un émetteur récepteur. Il n’a pas de jugement, ni de morale. Il exécute.
Mais ces souffrances jouent le rôle de révélateur.
Les tempêtes qui nous submergent et qui au niveau collectif submergent l’humanité permettent le réveil de notre conscience individuelle et collective et nous sortent de notre hibernation, de notre engourdissement en tant que consciences limitées.
Guérir en soi la souffrance de l’humanité
La souffrance fait partie de ce que l’on nomme la troisième dimension. Celle qui correspond à la notion de dualité qui nous fait croire que l’autre, ce n’est pas nous. En apparence OUI, mais en tant que champ vibratoire nous sommes tous reliés énergétiquement. Nous sommes tous les cellules de cette humanité et tant que nous serons enfermés dans cette inconscience qui croit à la séparation, nous connaîtrons la souffrance et le corps planétaire sera souffrant, ce qu’il est actuellement.
C’est comme si une cellule d’un organe se mettait à bombarder les autres pour avoir toute la place. En ignorant son interdépendance, en tuant les autres, elle va finir par mourir elle-même et tuer le corps entier. Notre planète souffre de l’ignorance de cela et c’est pourquoi nous assistons à un fabuleux saut de Conscience. Quelques cellules ont compris qu’elles n’étaient pas séparées des autres. Elles savent que la cellule malade c’est aussi elles. Et que si elles ne font rien elles le deviendront elles aussi. Inversement, si elles s’élèvent vibratoirement, tout le corps va s’élever également.
Expérimenter et élever son niveau de Conscience amène à prendre ses responsabilités.
Mais cette action ne consiste pas à montrer du doigt un agresseur potentiel. Tant de temps perdu à chercher un fautif extérieur !! La responsabilité implique d’appliquer le principe énoncé dans ho Oponopono, c’est-à-dire guérir en soi la souffrance de l’humanité. Souffrance que nous projetons à l’extérieur tel un miroir de notre inconscient, depuis la nuit des temps. Lutter contre la souffrance est impossible. Trans- former nos peines en joie, la haine en amour, la colère en force, la victime en créatrice responsable, est le seul moyen de se libérer des liens qui nous enchaînent à la souffrance. Et par conséquent de contribuer à élever le niveau vibratoire de la planète et passer à ce que certains nomment la cinquième dimension ou l’Age d’or.
A ce niveau-là nous vivrons l’unité. C’est lorsque nous sommes séparés de notre vraie nature que nous souffrons. Et notre véritable nature est notre essence divine. Le seul but sur cette terre est la réalisation du Soi.
Teilhard de chardin exprimait : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle. Nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine. »
Le témoignage de Roger Mc Gowen évoqué lors du congrès du grett sur le thème « La Souffrance, pourquoi ? », démontre la force de la transformation par la Foi totale et l’amour qui en découle: « Comment donner de la haine à mes bourreaux ? Je n’ai pas cette haine en moi. Les haïr cela reviendrait à devenir comme eux » !!
La souffrance n’a nulle place dans un monde conscient et responsable qui élève son humanité et développe une véritable fraternité et sororité. Mais dans l’état actuel du niveau de conscience de l’humanité, la souffrance a fonction d’inter- rupteur, de moteur du changement.
Éveiller la gratitude
Si on considère que le changement qui en découle ouvre la porte d’une nouvelle humanité, nous ne pouvons que ressentir de la gratitude pour cette souffrance, passage obligé vers une autre dimension de cœur et de conscience. Libérés de la notion de dualité, nous pouvons accueillir ce qui vient sans angoisse, en nous laissant guider vers notre juste place.
La gratitude c’est l’attitude de dire Merci (gracias) pour tout ce que nous vivons.
La gratitude c’est cette ouverture du cœur qui prend toute son ampleur quand la peur disparait. Et quand la peur dispa- rait c’est l’amour qui surgit, et quand l’amour inconditionnel est là il n’y a plus de résistance, il n’y a plus de souffrance. Comme le disait schiller « Le changement n’arrivera que lorsque nous explorerons notre mental avec le cœur ».
Dans ce Monde qui souffre et qui met plus d’attention sur la souffrance via les médias que sur ce qui est bon, créatif, lumineux, nous voilà engagés à porter le flambeau de la joie et de la responsabilité totale de nos vécus. Si nous sommes thérapeutes, il nous appartient de communiquer par empathie cette étincelle divine qui s’éveille en nous afin que ceux que nous accompagnons portent un autre regard sur les situations difficiles qu’ils traversent et que traverse l’humanité. Tous ensemble transformons nos souffrances en espérance, et relions nous à cette proposition de Gandhi : « Nous avons à réaliser maintenant le plus beau défi que notre humanité ait jamais eu à relever au cours de son histoire : arrêter nos propres programmes d’autodestruction, et transformer la société par une évolution de l’art de vivre… Soyez le changement que vous souhaiteriez voir dans le monde ! »
Incarnons ce que nous enseignons et osons nous incliner devant notre Maître la souffrance et notre Maître la Joie qui sont les deux lobes d’un même cœur que l’on nomme l’Amour.