Seins libres
Noble sein, doux sein… Incarnation hautement érotique du féminin. Giron maternant produisant le nectar-lait nourricier. Que de symboles, que de luttes pour le libérer !
Ça a commencé avec des crinolines rigides, puis des corsets serrés, à tel point que les femmes s’évanouissaient – elles sont si fragiles ! Et puis ça s’est allégé jusqu’à notre soutien-gorge contemporain qui modèle la poitrine selon des standards esthétiques stricts éloignés de ce que Mère Nature a conçu : wonder-coques rembourrées et baleines en acier à l’appui. Une blogueuse décrit le soutien-gorge comme du « masochisme social ».
Bien sûr, ça fait polémique : le mythe des féministes qui brûlent leur soutien-gorge, les Femen poings levés et seins nus, les soutiens-gorges accusés de contribuer incidemment à l’explosion des cancers du sein (ou pas ou peut-être…), les mamans qui font scandale en allaitant en public, les seins exposés dans les magazines, à la télé, qui choquent, qui attisent les désirs… Et même sur la plage, où « c’est permis », la « sociologie des seins nus » a bien mis en avant que c’est le regard implacable de l’homme qui réglemente les seins qui ont le droit d’être libérés… ou pas.
J’aime la sensation de ne pas être comprimée et j’aime l’idée de vivre « seins libres » sous mes vêtements. Bien sûr, j’ai des petits seins. Au delà de la taille et du confort, il me semble évident que c’est la puissance sensuelle des seins qui pose problème quand on ne porte plus de soutien-gorge. Car les seins sont vivants et en mouvement ! Ils bougent quand on marche, ils se rétractent quand on frémit, ils gonflent quand on allaite, ils pendent quand on se penche, ils s’affaissent en vieillissant… Le soutien-gorge, comme garde fou de la force orgasmique (donc vitale) féminine ?
Photo : Thomas Lieser